Interview exclusive Joseph Ponthus
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L’interview Carobookine : le rendez-vous incontournable pour vous lecteurs.
Un auteur prend la parole et nous dévoile ses secrets d’écrivain.
Joseph Ponthus
A la ligne, paru le 3 janvier 2019 aux Editions de la Table ronde
Photo ©Philippe Matsas/Opale
Déjà salué par le Grand Prix RTL – Lire 2019, le 1er roman de Joseph Ponthus, À la ligne, a reçu le Prix Régine Deforges, prix littéraire qui récompense un premier roman écrit par un auteur francophone.
Qui est Joseph Ponthus ?
Né en 1978. Après des études de littérature à Reims et de travail social à Nancy, il a exercé plus de dix ans comme éducateur spécialisé en banlieue parisienne où il a notamment dirigé et publié Nous… La Cité (Éditions Zones, 2012). Il vit et travaille désormais en Bretagne.
A la ligne est son premier roman.
Le Prix a été annoncé le mardi 2 avril dernier lors d’une soirée à laquelle j’ai eu la chance de participer au restaurant Le Macéo.
Mais surtout, j’ai rencontré Joseph et j’ai eu depuis l’occasion de lui poser quelques questions. Voici ses réponses en toute sincérité !
On ressent comme un besoin, une sensation d’urgence dans votre écriture. Comment en êtes-vous venu à écrire À la ligne ?
Joseph Ponthus :
Par besoin et par urgence, justement. Celle, au jour le jour, de ne pas sombrer dans l’enfer de la machine. Celle, au jour le soir, de tâcher de consigner et de me souvenir. Celle, au soir le soir, de devoir mettre le réveil pour le lendemain après avoir préparé le café et de repenser au texte écrit en m’endormant, que j’emportais comme un viatique pour lutter contre les cauchemars de la nuit qui ne manqueraient pas à venir.
Le texte revêt une mise en forme originale avec ces retours à la ligne. Avez vous immédiatement écrit ainsi ? Ou fait d’autres tentatives avant de trouver la bonne forme ?
Joseph Ponthus :
Dans le besoin et l’urgence évoqués, je me suis très vite rendu compte que je retournais sur mes lignes de production tous les matins comme sur mes lignes d’écriture tous les soirs. Il ne s’agit en aucun cas de recherche ni d’artifice formels. Le fond est la forme.
A la ligne rend compte de la réalité de la vie, souvent dure, parfois douce, et pour laquelle on recherche l’éternel équilibre. Comment faites-vous pour marier les deux, avec humour et sensibilité, dans votre écriture ?
Joseph Ponthus :
Je n’ai rien cherché à marier, sinon mon épouse. J’ai écrit tous les soirs en tâchant de me préserver, de trouver la force et la beauté de cet univers clos et irréel ; j’ai tâché de me convaincre en écrivant que ma situation n’était pas si pire, comme on dit. J’ai écrit comme je pensais à la ligne, en tâchant de lutter avec les quelques armes que je peux avoir, ma tendresse et ma joie. Et parfois quelques rires.
Dans votre récit, entre les odeurs, la vue des carcasses, la souffrance physique, le bruit des machines et le goût, vous faites appel à nos cinq sens… Ressenti personnel de lectrice ou volonté de votre part ?
Joseph Ponthus :
L’usine fait par nature appel à nos cinq sens : l’odeur qui agresse au départ puis qu’on ne sent plus, le bruit qu’on entendra toujours malgré les protections auditives, la vue de l’immensité de la mort animale industrielle, le goût des trucs dans la bouche qu’on vole pour s’en mettre un peu dans le bide, le toucher glacial des bêtes mortes.
Vous dites que ce livre reflète ce que vous avez réussi à écrire autant que ce que vous avez imaginé (et que vous n’avez pas pu écrire faute de temps, de mémoire ou d’énergie). Y a-t-il une chose essentielle et inédite que vous souhaiteriez partager avec nous ?
Joseph Ponthus :
Ce livre ne m’appartient plus. Il appartient désormais aux lectrices et lecteurs. Cette chose inédite, ces choses inédites, ce sont elles et eux qui me l’apportent tous les jours lorsque je les rencontre en librairie.
Vous avez obtenu le Prix Régine Deforges. Le jour de l’annonce, vous aviez l’air profondément ému. Avec quelques jours de recul, quel effet cela vous fait-il ?
Joseph Ponthus :
J’étais autant ému que bouleversé et joyeux. Mais quelle affaire et quelle reconnaissance de gagner un Prix aussi prestigieux que le Régine Deforges ! C’est aussi la reconnaissance du formidable travail mené par les Éditions La Table ronde, c’est aussi prosaïquement la joie de gagner 3000 euros qui me mettront pour au moins deux mois à l’abri du besoin.
Le Prix lui sera officiellement remis le vendredi 3 mai
pendant Lire à Limoges !
J’espère que vous avez aimé découvrir Joseph Ponthus, le 4ème lauréat du Prix Régine Deforges. Et surtout, j’espère que nos échanges vous auront donné envie de découvrir A la ligne !
Retrouvez ma chronique de A la ligne.
Présentation du roman aux Editions de la Table ronde.
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