Voici venir les rêveurs – Imbolo Mbue
Roman étrangerAuteur : Imbolo Mbue
Traduit de l’anglais (Cameroun) par Sarah Tardy
Genre : Roman étranger
Nombre de pages : 300
Editeur : Editions Belfond (18 août 2016)
Comme beaucoup de Camerounais, Jende a quitté sa terre natale pour partir aux Etats-Unis.
Un an et demi plus tard, à force de plusieurs petits boulots et avec l’aide de son cousin Winston, il réussit à faire venir Neni, sa femme et Liomi, son fils de 6 ans. Et, comme un symbole de réussite, il décroche un emploi de chauffeur pour Clark Edward, l’un des grands patrons de Lehman Brothers.
Jusqu’ici tout va bien pour Jende : il habite à New York, il a un bon travail, il subvient aux besoins de sa famille restée au Cameroun et réussit même à mettre un peu d’argent de côté.
Mais nous sommes en 2008, à la veille de la chute de la banque d’investissement multinationale…
Voici venir les rêveurs est l’un des deux romans du mois de décembre lu dans le cadre du Grand Prix des Lectrices ELLE.
Voici venir un livre que je n’attendais pas et qui m’a beaucoup émue.
Le point de départ est pourtant très commun : un camerounais qui, dans l’espoir d’une vie meilleure, émigre aux USA, le pays où tout est possible.
Personne ne connait l’avenir. Tout peut arriver. Tu sais ça.
Jende part en premier, seul, le temps de trouver un travail, un studio dans Harlem et de commencer à faire des économies pour, en bon père de famille, accueillir comme il se doit sa femme et son fils et leur offrir une belle vie. C’est l’American dream dans toute sa splendeur : le seul pays au monde où n’importe qui peut devenir quelqu’un en un rien de temps.
Il y a du travail pour tous ceux qui n’ont pas peur de se lever tôt et qui rêvent de gravir rapidement les échelons. Neni quant à elle entame des études pour devenir pharmacienne. Malgré le peu de moyens qu’ils ont, ils sont heureux, et la vie est si belle qu’ils font un deuxième enfant. Une petite fille naitra sur le sol américain.
Pour la première fois de sa vie, elle remarquait quelque chose : la plupart des gens dans la rue marchait aux côtés d’une personne qui leur ressemblait. {…} Les gens restaient avec leurs semblables. Même à New York, même dans cette ville de mélanges, les hommes et les femmes, les jeunes et les vieux, les riches et les pauvres composaient leur petit cercle de gens comme eux. Et quel mal y avait-il à cela ? Il était bien plus simple de faire ainsi que de dépenser son énergie à tenter de se fondre dans un monde auquel on n’était pas censé appartenir. Voilà ce qui rendait New York si merveilleux : il y avait là un monde pour chacun.
Malheureusement, la faillite de Lehman Brothers a entrainé de nombreux dommages collatéraux. Beaucoup d’américains ont perdu leur boulot et se sont retrouvés à postuler pour les mêmes postes que souvent seuls les immigrés briguaient. Jende espérait obtenir sa green card mais il se voit refuser sa demande d’asile et, comme un malheur n’arrive jamais seul, il perd son emploi stable et bien rémunéré. L’espoir de la green card s’envole en fumée. Toutes les espérances du début laissent peu à peu place aux désillusions les plus cruelles…
Chez nous, les gens disent que rien ne peut durer éternellement. Que tous les bons moments ont une fin, comme les mauvais, qu’on le veuille ou non.
Avec beaucoup de sincérité et d’humilité, Imbolo Mbué signe un superbe premier roman, profondément humain. Sans jamais tomber dans les clichés ou la sensiblerie, elle relate à merveille le fossé qui sépare les deux cultures, les relations homme/femme, la souffrance d’une riche femme américaine au foyer comme celle d’une jeune africaine immigrée enfermée dans ses rêves et ses traditions.
Certains passages sont choquants, mais il y a beaucoup de respect et de bienséance dans les relations qu’entretiennent les personnages entre eux. J’ai beaucoup aimé la relation de Jende avec Clark Edward, son patron. J’en ai même eu les larmes aux yeux vers la fin. Je n’ai pas l’habitude de lire ce genre d’histoire mais je dois vous dire combien Voici venir les rêveurs est un livre qui m’a touchée au cœur et j’en suis ravie.
Félicitations Imbolo Mbue, et respect.
Présentation du roman aux Editions Belfond
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A propos de l’auteur :
Née en 1982, Imbolo Mbue a quitté Limbé, au Cameroun, en 1998 pour faire ses études aux États-Unis. Elle a grandi en lisant les grands auteurs africains : Chinua Achebe, Ngugi wa Thiong’o, mais c’est chez Toni Morrison et Gabriel García Márquez que sa sensation d’être écartelée entre deux cultures a trouvé un écho. S’inscrivant dans la lignée d’Americanah de Chimamanda Ngozi Adichie ou du Ravissement des innocents de Taiye Selasi, Voici venir les rêveurs, son premier roman, a fait l’objet d’enchères effrénées auprès des plus grands éditeurs américains. Imbolo Mbue vit à Manhattan.
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Un roman de cette rentrée littéraire qui me tente beaucoup ! 🙂
Je comprends ! J’aime beaucoup son titre.
Il reste à ce jour mon roman préféré lu dans le cadre du Prix.
Carrément ! C’est intéressant, moi je crois que mon préféré depuis le début de l’aventure est « Le Chagrin des vivants ».