Tout n’est pas perdu – Wendy Walker
PolicierAuteur : Wendy Walker
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Fabrice Pointeau
Genre : Premier roman
Nombre de pages : 403
Editeur : Sonatine (12 mai 2016)
Lors d’une fête étudiante, Jenny Kramer est violée dans les bois pendant un temps interminable. A l’hôpital, ses parents, Tom et Charlotte Kramer, font le choix de lui administrer un nouveau traitement médical permettant d’effacer tous ses souvenirs de l’agression. Mais, si l’esprit a «effacé» toute trace du viol, son corps en revanche s’en souvient et Jenny ressent un profond malaise. A tel point que 6 mois plus tard, elle tente de mettre fin à ses jours.
Tout n’est pas perdu est le polar du mois de décembre lu dans le cadre du Grand Prix des Lectrices ELLE.
Même si je ne trouve pas le titre très attrayant, je dois reconnaître que tout est dit : le sujet principal du livre est notre mémoire. Et si la médecine faisait des progrès si grands qu’on pouvait effectivement effacer une partie de notre mémoire ? Supprimer les mauvais souvenirs au profit des bons ? En serions-nous meilleurs ? Plus aptes à vivre ?…
Le livre est le récit d’Alan Forrester, psychiatre réputé de la petite ville cossue de Fairview, dans le Connecticut, qui reçoit en consultation Jenny Kramer et ses parents. Jenny a reçu un traitement expérimental utilisé pour provoquer une amnésie antérograde limitée qui devait l’aider à aller mieux en supprimant le souvenir du viol. Mais, même si le sujet est tabou, elle sait qu’il lui est arrivé quelque chose. Et elle ressent bien qu’elle ne mène plus une vie «normale». Elle décide d’en finir et c’est à la suite de sa tentative de suicide qu’elle commence ses rendez-vous avec Alan Forrester.
Le premier soir, elle avait semblé sans vie. En ce petit matin, elle avait l’air morte. Je ne savais pas qu’il pouvait y avoir une différence. Mais il y en a une. Vraiment.
L’objectif ? Se souvenir de ce qui lui est arrivé ce soir-là dans les bois pour espérer entamer un processus de guérison.
C’est ainsi qu’Alan Forrester (qui travaille déjà sur ce processus de recouvrement de mémoire avec un autre patient depuis 17 mois) est amené à nous raconter la vie de chacun : Jenny, ses parents, son frère, le policier en charge de l’enquête, les notables de Fairview, ses patients…
A travers les yeux du psychiatre, on apprend à connaître les uns, suspecter les autres dans un seul et unique but : découvrir la vérité. Que l’agresseur soit arrêté, jugé et emprisonné. Pour que Jenny et sa famille (dont les membres s’éloignent depuis l’agression) puissent «passer à autre chose».
De par sa formation d’avocate, Wendy Walker expose les faits. Sans jamais émettre d’opinion, avec une plume subtile et maitrisée (que j’ai fortement appréciée – voir extraits ci-dessous), par le biais du psychiatre, elle nous questionne. Comment protéger ses enfants ? Comment réagir face à un drame ? Comment survivre malgré tout ?
Thriller d’une grande originalité, Tout n’est pas perdu nous entraine dans les méandres de l’âme humaine avec sa résistance à la douleur, ses envies de vengeance, son instinct de survie. Tenu en haleine à chaque fin de chapitre, surpris par la tournure des événements, le lecteur n’a qu’une hâte : lire, lire et lire encore pour connaître la suite.
Malheureusement j’ai été très déçue par la fin qui m’a paru alambiquée, quel dommage !…
Nous sommes de petits êtres sans importance. C’est seulement la place que nous occupons dans le cœur des autres qui nous remplit, qui nous donne notre raison d’être, notre fierté, et notre perception de nous-mêmes. Nous avons besoin que nos parents nous aiment sans conditions ni logique, et au-delà du raisonnable. Nous avons besoin qu’ils nous voient à travers des lentilles déformées par cet amour, et qu’ils nous disent qu’à tout point de vue le simple fait que nous soyons sur cette terre les emplit de joie. Oui, nous apprendrons que nos girafes en argile n’étaient pas des chefs-d’œuvre. Mais quand nous les sortirons du grenier, elles devraient nous faire pleurer, conscients que, lorsque nos parents ont vu ces horribles bouts de plâtre, ils ont éprouvé une fierté ridiculement déplacée, et qu’ils voulaient nous serrer dans leurs bras à nous broyer les os. Voilà ce dont nous avons besoin de la part de nos parents, plutôt que de la vérité sur notre insignifiance. Nous rencontrerons bien assez de gens pour nous la rappeler, pour évaluer froidement notre médiocrité.
Il peut être bon de se rappeler que beaucoup de choses n’ont aucune importance (je trouve que ça met la vie en perspective). Une mauvaise note. Un politicien idiot. Un affront.
Présentation du roman aux Editions Sonatine
Malheureusement, certaines choses en ont. Celles qui peuvent gâcher le peu de temps que nous avons sur terre. Celles qui ne peuvent pas être refaites ou corrigées. Ce sont les choses que nous regrettons. Et le regret est plus sournois que la culpabilité. Il est plus destructeur que la jalousie. Et il est plus puissant que la peur.
A propos de l’auteur :
Wendy Walker est avocate dans le Connecticut. Tout n’est pas perdu est son premier roman publié en France. Avant même sa parution, Tout n’est pas perdu a enflammé le monde du cinéma et le film est en cours d’adaptation par la Warner Bros. et l’équipe de production de Gone Girl, de David Fincher.
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