Tout ce dont on rêvait – François Roux
Littérature françaiseAuteur : François Roux
Genre : Littérature française
Nombre de pages : 336
Editeur : Albin Michel (2 janvier 2017)
Dans les années 90, Justine a 25 ans.
Elle enchaine les conquêtes et, un soir, elle rencontre Alex et son grand frère Nicolas. Alex est un charmeur, elle en tombe follement amoureuse, mais lui non. Ramassée à la petite cuillère par Nicolas, c’est avec lui qu’elle est, vingt ans plus tard, mariée et mère de deux enfants menant une vie tranquille et sans histoires.
Jusqu’au jour où Nicolas est licencié et commence à sombrer.
Je remercie chaleureusement les Editions Albin Michel pour la découverte de ce nouveau roman de François Roux, bien connu pour son précédent, Le Bonheur national brut.
Avec Les Lectures de Lily, nous avons eu la chance de le recevoir en même temps, alors nous l'avons lu à distance mais en commun, merci Angélique !
Tout ce dont on rêvait, ou l'épopée de notre société au cœur d’un trio amoureux.
Qui n’a jamais rêvé d’une grande histoire d’amour ?
Chaque femme se reconnaît en Justine à une époque de sa vie. Mais, à force de sortir en soirées pour rencontrer, elle l'espère, l'homme de sa vie, Justine s’est perdue, et son amour-propre avec elle. Alors, lorsqu’à défaut d’Alex, Nicolas s’occupe d’elle, la prend sous son aile et lui fait miroiter un avenir sans nuages, elle ne s’emballe pas, mais elle accepte.
Elle qui a toujours voulu de l’exceptionnel dans sa vie, fait le choix de la raison, au détriment de celui du cœur.
Alex est toujours dans les parages, sa vie privée l’agace, mais elle fait bonne figure pour son mari, Nicolas, qui rêve de construire une famille idéale qu’il protégerait envers et contre tout.
Vingt ans plus tard, alors qu’ils sont bien établis dans leur vie et que leurs enfants, Adèle et Hector, ont grandi, Nicolas perd son travail.
Du jour au lendemain, il perd tous ses repères, il ne sait plus ni à qui ni à quoi se raccrocher. Petit à petit, il plonge dans un engrenage infernal. Sa famille ne le satisfait plus, il n’a plus de rôle à jouer, il se laisse aller. Il n’y a plus que lorsqu’il se jette à corps perdu dans le sport pour s’épuiser physiquement qu’il se sent vivre. Le reste du temps, il survit.
A l’image de sa déchéance sociale, c’est son cocon familial qui sombre lui aussi. L’homme, le mari et le père de famille ont failli. Malgré toute sa volonté, Nicolas n’a pas réussi à protéger ce qu’il avait idéalisé toute sa vie. Nicolas et Justine s’éloignent peu à peu, leurs enfants grandissent, ils ont leurs idées, leurs valeurs et se fabriquent leurs propres rêves. Et le temps fait son œuvre.
Chacun est responsable de ses actes et personne ne peut y échapper. {…} Un seul oiseau ne contient pas assez d’eau dans son bec pour éteindre un incendie, mais un million d’oiseaux en contiennent suffisamment pour le faire.
Avec Tout ce dont on rêvait, François Roux nous livre une fresque de notre époque, où le chômage fait rage, où les idéologies doivent faire face à des compromis et où la société fait peur. A travers notre Histoire contemporaine, le trio amoureux que forment Justine, Alex et Nicolas apparaît, malgré ses épreuves, comme une sorte de salut.
Pour conclure, je voudrais saluer la qualité d'écriture de François Roux. Certes, il faut une certaine concentration, mais quel plaisir de lire une plume si maitrisée, une prose si esthétique et romanesque à la fois. Qu’il est bon de savourer chaque mot, des mots qui, alignés les uns à la suite des autres, forment de superbes phrases, sensibles et empreintes de vérité. C’est mon plus grand plaisir à l’issue de cette lecture.
Je vous laisse un extrait pour vous mettre l’eau à la bouche :
Justine fut balayée par la conviction qu’il lui fallait absolument se battre pour sauver cette entité encore vivante et méchamment cabossée que représentait leur union. C’était ça le vrai courage. Ce n’était pas d’abandonner et de retrouver des forces pour reconstruire quelque chose d’autre, ailleurs, non, le vrai courage c’était de résister. Il restait assez d’amour entre eux – un amour flou, indécis, contradictoire, mais un amour malgré tout – pour que cela soit encore possible. Ce qu’ils avaient vécu ensemble était exemplaire, à la fois unique et universel, leur histoire était l’une des très nombreuses variantes de toutes les autres histoires bancales du monde, mais c’était leur histoire à eux et, autant que n’importe quelle histoire bancale, elle valait la peine qu’on y prête attention, et surtout qu’on tente tout pour la remettre un peu d’aplomb.
Présentation du roman chez les Editions Albin Michel
Retrouvez la chronique des Lectures de Lily pour avoir un autre avis.
A propos de l’auteur :
François Roux est réalisateur de films publicitaires, de documentaires et de vidéo-clips. Il a également réalisé plusieurs courts métrages de fiction, sélectionnés dans de nombreux festivals, en France comme à l'étranger. Il est par ailleurs auteur et metteur en scène de théâtre : il a écrit et mis en scène Petits Meurtres en famille (2006) et est l'auteur de deux autres pièces, À bout de souffle (2007) et La Faim du loup (2010). Son premier roman, La Mélancolie des loups, a été publié en 2010 aux Éditions Léo Scheer.
Superbe chronique pour un excellent roman qui selon moi mérite d'être mis entre toutes les mains tant il est percutant et actuel.
C’est vrai, je m’en faisais la remarque en entendant parler des « voleurs de chaises » encore hier