requiem

Requiem pour une apache – Gilles Marchand

Auteur : Gilles Marchand

Genre : Littérature française

Nombre de pages : 414

Éditions Aux forges de Vulcain (21 août 2020)

L’hôtel de Jesus est comme une pension de famille : tous ceux qui y habitent partagent quelque chose, comme si c’était depuis toujours. Ces invisibles, rebuts de la société vivent ensemble et se protègent les uns les autres. Aussi, lorsque Jolene entre dans la bande, il se pourrait que l’équilibre vacille. 

Je remercie les Éditions Aux forges de Vulcain pour la lecture du nouveau roman de Gilles Marchand. 

Un titre ne fait pas tout, mais il peut faire beaucoup ! Moi, c’est le titre qui m’a donné envie de lire Gilles Marchand, auteur que je lis pour la toute première fois (pour l’anecdote, mon fils – de 10 ans – a aussi appris un mot : « requiem », qu’il a d’abord lu « réquim », merci Gilles !).

Faire partie d’un groupe

Et puis, dès les premières pages je me suis sentie bien au milieu de cette bande de bras cassés. Les personnages sont nombreux mais comme le livre fait 400 pages on apprend à les connaitre, tous, via un ou plusieurs pans de leur vie qui donnent envie de les aimer. Autant que de les protéger car, même si parmi eux il y a un ex-chanteur star, un ancien catcheur, des ex-taulards, etc. ils sont si fragiles ! Heureusement, ils ont trouvé leur refuge et, grâce à Gilles Marchand, on a un peu l’impression d’y entrer à leurs côtés. 

Jolene, la meneuse désignée volontaire

Ensuite il y a Jolene. Un petit bout de femme qui n’a pas une vie facile mais qui ne se laisse pas faire pour autant. Elle a appris à vivre dans cette société particulière, mais elle a ses convictions Jolene, et elle déteste l’injustice. Alors, lorsque quelqu’un dépasse les bornes, elle agit. Son point fort (que certains pourraient considérer comme un point faible… chacun son point de vue), c’est son impulsivité. Car parfois, à trop réfléchir, on n’agit plus, on se retrouve bloqué dans une situation qui ne nous satisfait pas et pourtant, on s’en contente. Or, Jolene n’a rien à perdre et lorsqu’elle entre dans la bande elle est si bien accueillie qu’elle en devient d’une certaine façon la représentant en titre, le porte-parole. Oui, car trouver refuge c’est bien, mais dehors la vie des autres continue de tourner et un grain de sable peut tout enrayer.  

Jamais je n’avais vu Jésus aussi heureux et jamais il n’avait aussi bien porté son nom. Au milieu des déshérités, il ne prêchait pas la bonne parole, il se contentait d’accueillir et de faire au mieux. « Faire au mieux » était devenu sa spécialité. Lorsque Mario lui expliquait qu’il ne pourrait nourrir autant de monde, il lui demandait simplement et calmement de faire au mieux. Lorsqu’il y avait un problème de couverture, de courant d’air, de chasse d’eau, ils nous demandait de faire au mieux. Il dégageait une étonnante sérénité. Et cette sérénité, il la devait à Jolène. 

 

Un sujet d’actualité allié à la fantaisie de Gilles Marchand

Je ne vous en dis pas plus ! Mais le titre, et la couverture, donnent le ton du quatrième roman de Gilles Marchand ! Faites connaissance avec Jolene, Bonnie, Clyde, Marie-Pierre, Jésus, Annie, Vieux John, Paul, Joséphine, Marcel et le narrateur, le célèbre ex-chanteur adulé des Coeurs déchirés. Et faites la révolution à leurs côtés ! Depuis l’intérieur de l’hôtel. Car il n’y a pas besoin d’aller bien loin pour être en colère. Il suffit de se replonger dans l’actualité française de ces dernières années. 

Et puis au milieu de tout cela, car dans tout sujet profond il faut bien un peu de légèreté, il y a la fantaisie de Gilles Marchand (avez-vous déjà entendu parler d’un bizarrotron ?), de la poésie, de la bienveillance, du rock’n roll aussi, de l’humour et de l’amour. Il y a toujours de l’amour lorsqu’il y a camaraderie, et c’est bien ce qui cimente les relations de cette attachante communauté. 

Présentation du roman aux Éditions Aux forges de Vulcain

 

A propos de l’auteur : Gilles Marchand est né en 1976 à Bordeaux. Batteur dans un groupe de rock, c’est avec son premier roman solo qu’il rencontre un grand succès : Une bouche sans personne, publié en 2016. Son deuxième roman, Un funambule sur le sable, publié en 2017, est un succès et impose cet écrivain original, qui mêle réalisme magique et humanisme, comme l’héritier de Boris Vian, Romain Gary et Georges Perec. En 2018, il recueille les nouvelles qu’il a publiées dans divers collectifs aux éditions Antidata au sein d’un seul volume, qu’il étoffe d’inédits : Des mirages plein les poches. Ces textes reçoivent le prix du premier recueil de nouvelles de la Société des Gens de Lettres.

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