Profession du père – Sorj Chalandon
Littérature françaiseAuteur : Sorj Chalandon
Genre : Littérature française
Nombre de pages : 229
Editeur : Grasset (19 août 2015)
Au début des années 60, Emile Choulans a douze ans. Il vit seul, avec ses parents, dans un appartement dans lequel personne ne vient jamais : pas de famille, pas d’amis. A l’exception d’un invité de marque dont son père (André) parle très souvent : le Général de Gaulle.
Sauf que celui-ci a trahi la France et les français en rendant l’Algérie aux algériens. Et cela, son père ne l’accepte pas. Le Général de Gaulle doit mourir. Alors il décide de faire entrer son fils dans l’Organisation et de lui donner des missions secrètes.
Ainsi débute la quête de reconnaissance d’un fils envers son père. Emile est timide, introverti, battu aussi. Il n’a pas de bonnes notes à l’école et reçoit la confiance nouvelle de son père comme la chance de sa vie. Investi d’une mission, il sent qu’il va enfin devenir un homme reconnu et félicité pour ses actions. Mais malheureusement son père est intransigeant, manipulateur, incompréhensible, lunatique et violent.
A la lecture de ce roman, j’ai eu des sentiments très partagés. Au début, je suis immédiatement entrée dans l’histoire. Le père, la mère et le fils forment un trio. Ils ont fait le vide autour d’eux, ils mènent leur petite vie, pas tranquille mais sans faire de vagues. Emile est un enfant touchant qui ne se révolte pas, souffre-douleur il baisse la tête et encaisse. Il grandit certes, croit néanmoins aux histoires de son père, mais il est abimé.
Alors, au fur et à mesure de l’avancée du livre je me suis sentie mal. Mal à l’aise avec ce que le père fait subir à son enfant tant par des coups que par des mots blessants, mais aussi avec ce que la mère ne fait pas. Avant d’être une mère, elle est d’abord la femme de son mari, soumise, résignée à ses excès. Sur la fin du livre, Emile a grandi, on le retrouve à l’âge adulte alors qu’il a lui-même un enfant. Qu’il éduque à l’opposé de l’éducation qu’il a reçue.
Le roman de Sorj Chalandon est parfaitement écrit, les chapitres sont courts, les dialogues nombreux et l’histoire avance vite et bien. J’ai beaucoup aimé le choix du titre «Profession du père» car il colle parfaitement à l’histoire.
Mais j’ai ressenti trop de peine pour cet enfant. Exclu du duo formé par ses parents, il n’en reste pas moins leur fils qui continuera à les aimer malgré tout. Petits, les parents sont inquiets pour leurs enfants. Mais plus les enfants grandissent, plus c’est eux qui deviennent inquiets pour leurs parents qui vieillissent et leur trouvent parfois des excuses. Mais entre mauvais caractère, mensonges et folie dégénérative, les effets peuvent être dévastateurs pour l’enfant.
Un roman incontestablement poignant.
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Présentation du roman aux Editions Grasset
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A propos de l’auteur :
Après trente-quatre ans à Libération, Sorj Chalandon est aujourd’hui journaliste au Canard enchaîné. Ancien grand reporter, prix Albert-Londres (1988), il est aussi l’auteur de six romans, tous parus chez Grasset. Le Petit Bonzi (2005), Une promesse (2006 – prix Médicis), Mon traître (2008), La Légende de nos pères (2009), Retour à Killybegs (2011 – Grand Prix du roman de l’Académie française), Le Quatrième Mur (2013 – prix Goncourt des lycéens).
Au milieu de cette souffrance, l’auteur laisse s’entrevoir la lumiere de l’espoir, timide mais constante, comme celle de l’etoile du matin. Loin d’ecrire le roman d’un destin brise, il nous livre dans «Profession du pere» l’histoire de l’angoisse d’un enfant «pret a vivre».
Votre analyse est très juste, merci à vous.
Le QUATRIEME MUR Caroline, c’est juste poignant et passionnant !Il faut le lire ….Bonnes lectures MYMY
Je l’ai alors OK ! Merci Mymy