Où vivaient les gens heureux – Joyce Maynard

Auteur : Joyce Maynard

Traduit par Florence Lévy-Paoloni

Genre : Roman étranger

Nombre de pages : 600

Éditions 10/18 (18 août 2022)

« Je suis chez moi. »

Eleanor est de retour à la ferme pour le mariage de son ainé. Cette ferme dans laquelle elle s’est installée jeune fille, puis elle s’y est mariée avec Cam, et ils y ont élevé leurs trois enfants. A une époque de sa vie, Eleanor croyait que leur famille serait toujours unie. Elle y croyait vraiment.

 

Merci aux Éditions 10/18 pour la lecture de ce merveilleux roman. 

Mes deux copines de lecture, Caro et Aude, ont lu tour à tour ce livre dont le titre m’attirait déjà beaucoup. Où vivaient les gens heureux. Il m’a paru évident de le lire à mon tour. Sauf que je ne m’attendais pas à ça. A une histoire si belle et si dure à la fois. 

A 16 ans, Eleanor perd ses parents. Elle qui a toujours dessiné se met à écrire des histoires pour enfants. Et se voit très vite offrir un contrat pour les éditer.
Avec ses droits d’auteur, elle décide de tout quitter pour aller s’installer là où il lui plaira. Et lorsqu’elle visite une vieille ferme encore dans son jus, elle décide que c’est ici. A Askerville, dans le New Hampshire. Cette maison sera la sienne, elle y fondera une famille nombreuse avec un mari aimant et ils y seront heureux.
Alison nait, puis Ursula et enfin Toby. A eux cinq, ils vivent des moments de bonheur simple, pur, authentique. Le seul problème c’est l’argent qui vient souvent à manquer. Mais comme ils sont riches de leur bonheur, ce grain de sable n’en est pas un. Unis, aimants, heureux, ils aimeraient que rien ne change jamais. 

Mais la vie est longue et on a beau se préparer au mieux pour encaisser les chocs, il n’est pas toujours facile d’y faire face. On peut aimer beaucoup, trop, et réaliser un jour que ceux qu’on aimait n’ont pas reçu notre amour comme on l’aurait souhaité. On peut réaliser de belles choses, ensemble, et au bout d’un moment comprendre qu’on n’est plus sur la même longueur d’onde. On peut aussi espérer être capable de rebondir en toutes situations et s’apercevoir qu’on n’est finalement pas prêts. Qu’il y a des choses qui sont dites ou faites et qu’on n’est pas capables ne serait-ce que de pardonner. Même à ceux qu’on aime le plus au monde. 

Ainsi, ce livre parle de la famille, celle qu’on l’on se construit et qui se déconstruit au fil du temps. De ces gens qu’on aime et qui deviennent des étrangers. De nos enfants qu’on aime entiers et qu’on souhaite protéger à tous prix et dont l’affection se délite (parfois) avec le temps. Joyce Maynard raconte la vraie vie, avec ses hauts et ses bas, ses petits bonheurs du quotidien et ses grands malheurs, ces liens qu’on crée avec les gens et les moments où malgré tout on se retrouve seul. Très seule. De ce qu’on est capable d’accomplir quand tout va bien, et de ce qu’on finit par subir quand ça va pas. 

Plus on vieillit, plus on vit des moments difficiles. De bons moments aussi. Des gens qu’on aime meurent. On n’y échappe pas. 

J’ai beaucoup aimé Eleanor, je me suis retrouvée dans plein de petits détails qui la rendent heureuse et qui me rendent heureuse aussi même si je n’en ai pas toujours conscience. Mais j’ai aussi beaucoup souffert avec elle dans sa vie de jeune fille, de femme ou de maman. Même si « la vie continue », toujours.
Je me suis sentie très proche de Cam aussi – son mari, qui a un flegme particulier. Je l’ai adoré puis détesté mais je dois reconnaitre qu’il assume ses actes et s’en tient à ses choix, ce qui est honnête.
Et j’ai trouvé les 3 enfants particulièrement intéressants. Car finalement lorsqu’un couple se sépare, ce sont toujours les enfants qui soufrent d’une situation qu’ils n’ont pas choisie. Inutile de chercher un coupable, chacun doit s’adapter, à sa manière. Et puis, comme l’histoire se déroule sur 40 ans, c’est une fine analyse de la vie moderne que décrypte Joyce Maynard. En abordant des sujets universels sur lesquels on pourrait débattre à l’infini. 

Elle avait fait de son mieux pour être une bonne mère, quoi que cela puisse signifier, même si certainement, elle n’avait pas toujours réussi. 

Où vivaient les gens heureux est un livre sur la famille, le couple, la vie. Pour le meilleur et pour le pire. Avec le pardon comme principal liant à tout ce que nous vivons. J’en ressors légèrement mélancolique mais néanmoins heureuse car ce n’est pas tous les jours qu’on lit une si belle histoire d’amour. 

Il fallait laisser les enfants s’aventurer dans le monde. {…} Les difficultés viendraient, quoi qu’on en fasse. Le mieux, c’était d’élever ses enfants de sorte que quand ils rencontreraient des problèmes, comme cela ne manquerait pas d’arriver, ils parviennent à les dépasser. 

 

Présentation du roman aux Éditions 10/18

 

A propos de l’auteur : collaboratrice de multiples journaux, magazines et radios, Joyce Maynard est aussi l’auteure de plusieurs romans – Long week-end, Les Filles de l’ouragan, L’Homme de la montagne, Les Règles d’usage – et d’une remarquable autobiographie, Et devant moi, le monde (tous publiés chez Philippe Rey et 10/18). Mère de trois enfants, elle partage son temps entre la Californie et le Guatemala.

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