L’intimité – Alice Ferney

Auteur : Alice Ferney

Genre : Littérature française

Nombre de pages : 368

Éditions Actes Sud (août 2020)

Ada et Alexandre partent à la maternité. Ils confient leur petit garçon, Nicolas, à leur voisine du dessous, Sandra. Le temps de la délivrance, Sandra s’attache à l’enfant alors qu’elle-même vit bien toute seule, sans compagnon et sans enfant. Mais lorsqu’Alexandre revient, c’est le drame : Ada a donné naissance à une petite fille, Sophie, mais elle-même est décédée en couches. Pour Alexandre, son monde s’écroule. Et pour ne pas sombrer, Sandra va l’aider du mieux qu’elle peut. En tant qu’amie. Jusqu’à ce que la vie reprenne son cours…

Je remercie les Éditions Actes Sud pour la lecture du nouveau roman d’Alice Ferney, une romancière que j’admire. 

Un nouveau roman d’Alice Ferney est un plaisir infini pour moi. A peine pris en mains, je me réjouis de le lire. Et une fois dans l’intrigue, je me délecte de la plume de la romancière. J’aime l’écriture d’Alice Ferney. J’aime sa capacité d’observer le monde dans lequel on vit et j’aime sa finesse d’analyse, son regard critique et sa plume aiguisée. A bien y regarder, chaque mot est pesé, chaque phrase a un sens et l’ensemble est une merveille. Un bijou !

Une fois n’est pas coutume, le thème principal de ce nouveau roman est l’amour. L’amour conjugal. L’amour ultime, choisi, vécu, passionné, délaissé, ailleurs, autrement, essentiel, raisonnable, indispensable, intime. Parental aussi. Et plus généralement le couple, la parentalité et la vie. La mort aussi, mais ne fait-elle pas partie de la vie ? 

L’intimité, titre de ce nouveau roman est au coeur de ces questions existentielles : ce qui est intérieur est secret. Et pourtant, c’est lorsqu’on se confie à l’autre, que l’on partage avec lui/elle un pan de notre histoire qu’on crée un lien, une sorte de connexion particulière, familière et étroite. Et pour s’aimer, il faut avoir des points communs, que ce soit en terme de caractère ou de partage d’expériences.  

On dit souvent que l’homme alterne entre la souffrance (de ne pas avoir ce qu’il désire) et l’ennui (lorsqu’il a tout – car il ne désire plus). Entre les deux il y a le bonheur. Qui devrait aller de pair avec l’amour, mais quel est-il ? Et a-t-il la même signification selon les personnes ? Attend-on tous la même chose ? Certainement pas ! Mais alors pour s’aimer, à défaut de s’accorder sur ce qu’est le bonheur, la confiance est, elle, nécessaire. Il faut aussi pouvoir partager ses rêves, opinions ou même ses craintes. Car c’est ainsi qu’on trouve notre équilibre.  

Autre sujet central de ce roman : la guerre des sexes, que ce soit en amour ou ailleurs car le monde est vaste et les sujets de conversation entre Alexandre et Sandra ne manquent pas.
L’une – libraire, célibataire et féministe – a un avis bien tranché, l’autre – heureux lorsqu’il est en couple, un peu old school et (légèrement) égoïste – se laisse porter par la vie, les vieilles habitudes et le bonheur simple de profiter des belles choses que la vie lui offre. D’être dans le présent. Jusqu’au jour où le drame s’immisce dans sa vie et toutes ses certitudes volent en éclat. C’est violent, c’est dur mais c’est aussi très beau car Alexandre se révèle. Et ce en grande partie grâce à Sandra.
Et puis, arrive Alba… un autre type de femme qui va à sa manière lui apporter un soutien indéfectible et précieux mais qui va aussi lui opposer d’autres obstacles…

 

La vie est longue et l’itinéraire inconnu, disait maintenant Sandra. Nous allons de surprise en surprise. Nul ne connait ses sentiments à venir et leur forme est multiple. Le regret de n’avoir pas fait, le remords d’avoir décidé, le désespoir de ce qu’on a perdu par sa faute, le souvenir d’une occasion manquée, tout vient un jour, car les actions ne s’effacent pas, aucune action ne s’efface. Ni dans le monde physique ni dans l’espace mental. C’est comme ça.  

 

En voyant les personnages évoluer au fil du temps, Alice Ferney nous offre dans L’intimité un beau portrait des relations hommes-femmes dans notre société actuelle. Du caractère égoïste de nos petites vies repoussant toujours les limites. De nos choix de vie qui nous façonnent. De l’avancée de la science et de ce que cela implique. De ce qui ne nous tue pas et nous rend plus fort. Notre trajectoire de vie n’est pas rectiligne et c’est là toute la beauté de la vie. Et Alice Ferney, qui manie la langue française à merveille, l’écrit magistralement !

 

Présentation du roman aux Éditions Actes Sud

 

A propos de la romancière : toute l’œuvre d’Alice Ferney est disponible chez Actes Sud, notamment L’Élégance des veuves (1995 ; adapté en 2016 pour le cinéma par Tran Anh Hung sous le titre Éternité), Grâce et dénuement (1997, Prix Culture et bibliothèques pour tous), La Conversation amoureuse (2000), Cherchez la femme (2013) et Les Bourgeois (2017).

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