Et soudain, la liberté – Evelyne Pisier, Caroline Laurent
Coup de coeur . Littérature françaiseAuteurs : Evelyne Pisier, Caroline Laurent
Genre : Littérature française
Nombre de pages : 448
Éditions Les Escales (31 août 2017)
Mona Desforêt est mariée à André, haut-fonctionnaire pétainiste, expatrié en Indochine. La situation étant de plus en plus incontrôlable, ils déménagent en Nouvelle-Calédonie. Avec Lucie, leur fille et Pierre, qui naitra à Nouméa.
Mona est belle est séduisante. Follement amoureuse de son mari, elle le considère comme son héros. Mais la monotonie s’installe, et les désillusions arrivent. Alors, Mona s’émancipe en lisant Simone de Beauvoir et elle obtient même son permis de conduire. C’est simple, elle a soif de liberté !
Et c’est divorcée et indépendante qu’elle rentrera en France où elle partagera avec sa fille tous les combats féministes sur un air de révolution, d’amour et de politique.
Je remercie chaleureusement les Éditions Les Escales pour la lecture de ce fabuleux roman.
Depuis qu’il est sorti, j’en entends parler en bien. Il me fallait donc me faire ma propre idée.
D’autant que l’histoire même de ce roman est particulière. L’éditrice, Caroline Laurent, a eu un coup de foudre amical avec l’auteure, Evelyne Pisier. Dès leur première rencontre, une complicité s’installe. Mais au bout de quelques mois, Evelyne décède et Caroline relèvera seule le défi de terminer le livre. Comme Evelyne le lui avait demandé.
D’une certaine manière, le roman tout entier est contenu dans cette quête-là : la libération de la parole. Mona s’est cherché une voix ; Evelyne m’a transmis la sienne.
Mona, André, Lucie… des personnages romanesques pour raconter l’histoire d’une femme et de sa fille au travers du vingtième siècle.
Les membres de la famille Pisier ont eu une vie passionnante, digne des plus grandes sagas familiales. De l’Indochine à la Nouvelle-Calédonie, au sortir de la guerre, sur les années 50 et 60 souffle le vent de la liberté. Les femmes de la famille Pisier seront, par choix, au coeur des événements qui ont forgé le vingtième siècle : émancipation de la femme, droit à l’avortement, Mai 68, libération des moeurs… Lucie et Mona étaient des féministes avant l’heure. Leur soif de liberté les a toujours guidées, laissant parler leur coeur plutôt que la raison.
Et soudain, la liberté. Un titre magnifique, superbement illustré par cette photo en noir et blanc d’Evelyne Pisier qui, à vingt ans, intégrait à Cuba le cercle intime de Fidel Castro.
Voilà longtemps que je n’avais pas été à ce point transportée par un roman. Entre l’histoire de Mona, le destin de Louise et les confidences de Caroline sur son travail d’éditrice devenue co-auteur, je me suis passionnée pour ces trois portraits de femmes.
Gros coup de coeur pour ces femmes fortes, modernes, qui ont osé prendre des risques.
Je crois que les mères mentent. Qu’il n’y a rien de plus triste que cette seconde où l’enfant s’en va – pour ses études, pour se marier, pour vivre sa vie. Elles se félicitent, bien sûr, ont rempli leur part du contrat, l’enfant est autonome et peut affronter l’existence, mais quoi ? La solitude, la nostalgie ? Ce ne sont pas des cadeaux. Les mères sont égoïstes, et les enfants encore plus. Chacun prend à l’autre quelque chose qu’il ne lui rendra pas. Et toujours revient, lancinante, cette question d’un amour trop grand pour que l’on puisse y vivre.
Présentation du roman aux Éditions Les Escales
A propos des auteurs :
Evelyne Pisier est née à Hanoï en 1941. Elle fut l’une des premières femmes agrégées de droit public et une professeur d’histoire des idées politiques unanimement reconnue. Directrice du Livre et présidente du Centre national du livre de 1989 à 1993, écrivain, scénariste, elle est décédée en février 2017.
Caroline Laurent est née en 1988. Agrégée de lettres modernes, directrice littéraire et amie d’Evelyne Pisier, elle co-signe ici son dernier roman.
A défaut de l’avoir -vraiment- lu en même temps que toi, je l’ai quand même adoré, et je suis contente de savoir que c’est ton cas aussi !
C’est quand même grâce à toi que je l’ai démarré ce jour-là ! Oui, je l’ai vraiment fortement apprécié. Bises !