Sans nouvelles de toi – Joy Fielding
Roman étrangerAuteur : Joy Fielding
Traduit de l’anglais (Canada) par Jean-Sébastien Luciani
Genre : Roman étranger
Nombre de pages : 365
Éditions Michel Lafon (2 mars 2017)
Caroline et son mari, Hunter, s’offrent un voyage au Mexique pour fêter leurs dix ans de mariage et de bonheur «relatif». Le dernier soir, alors qu’ils ont prévu de diner au restaurant avec leurs amis spécialement venus pour l’occasion, la baby-sitter de l’hôtel ne vient pas. Caroline est embêtée, elle ne veut pas laisser ses deux filles de 2 et 5 ans seules dans la chambre mais son mari insiste en lui promettant qu’ils reviendront toutes les demi-heures voir si tout va bien.
Caroline culpabilisera toute sa vie d’avoir cédé car, au retour de leur diner, Samantha, la plus jeune, n’est plus dans son lit à barreaux.
Quinze ans plus tard, Caroline reçoit un appel d’une jeune fille lui disant : «je crois que je suis votre fille»…
Je remercie chaleureusement les Éditions Michel Lafon pour la lecture du nouveau roman de Joy Fielding, présentée comme une romancière canadienne à succès qui décrit avec brio les pensées intimes et les angoisses de ses personnages. Et en effet, la disparition de cette gamine, quelle angoisse !
Qui n’a jamais laissé ses enfants sans surveillance (quelques instants et en étant pas très loin quand même) pendant qu’ils dormaient ? Quelle mère n’a jamais été tiraillée entre passer du bon temps avec des amis à quelques mètres de ses enfants qui dorment et refuser de sortir au risque de passer pour une mère surprotectrice ? Doit-on parfois se forcer pour ne pas paraître esclave de ses enfants ? Autant de questions que Caroline n’avait jamais envisagé de se poser mais une seule mauvaise décision l’a fait plonger en plein cauchemar.
Le roman démarre non pas sur la disparition de l’enfant mais sur la réapparition d’une jeune fille disant se reconnaître dans le portrait diffusé par la presse. Ensuite, les chapitres alternent entre le passé et le présent. Ce qui est d’ailleurs assez déstabilisant car le passé représente plusieurs années quand, au présent, ne se déroulent que quelques jours.
Une fois que l’on a connaissance des événements qui se sont passés il y a quinze ans, on est horrifié par le tapage médiatique qui en a été fait et qui continue de faire la une des tabloïds à chaque date anniversaire. Caroline et Hunter ont divorcés depuis. Bizarrement lui n’a jamais été harcelé par les médias alors qu’elle en a toujours beaucoup souffert. Qu’y a-t-il de pire que de perdre un enfant, me direz-vous ? Le fait d’être accusé de malveillance, voire de meurtre car lorsque la police mexicaine fait chou blanc, tous les soupçons se reportent sur la mère… (sur ce point, l’emprise des médias et le contrôle de son image en toutes circonstances m’a fait pensé à Ne pars pas sans moi de Gilly Macmillan, un thriller psychologique diabolique).
Au fil des pages, on discerne mieux la personnalité de Caroline, cette mère esseulée, amputée d’une partie d’elle-même, qui vit avec sa fille ainée (jeune adulte aujourd’hui) et avec qui les relations ont toujours été tendues. Son mari a refait sa vie, a eu de nouveaux enfants, mais elle n’y arrive pas. Et pourtant, au fond d’elle, elle a toujours gardé espoir. Alors, quand cette jeune fille, Lili, appelle, au risque de passer pour folle, elle y croit. Elle essaie de mettre toutes les barrières pour se protéger mais c’est plus fort qu’elle, elle est prête à tout tenter pour savoir la vérité.
Sans nouvelles de toi est un roman très prenant qui met le doigt sur la pire crainte de tout parent : la disparition de son enfant. Joy Fielding appuie là où ça fait mal et en même temps, l’infime espoir est un fil auquel on se raccroche pour croire que le monde n’est pas aussi mauvais qu’on le croit. Le dénouement est antinomique : réconfortant et accablant (vous comprendrez quand vous l’aurez lu !).
Présentation du roman aux Éditions Michel Lafon
A propos de l’auteur :
Romancière canadienne à succès, Joy Fielding a fait de ses héroïnes féminines singulières et proches du lecteur sa marque de fabrique. Elle décrit avec brio les pensées intimes et les angoisses de ses personnages, mais aussi l’aliénation urbaine et la perte d’identité.
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