Power – Michaël Mention
PolicierAuteur : Michaël Mention
Genre : Roman noir
Nombre de pages : 452
Éditions Stéphane Marsan (4 avril 2018)
21 février 1965. Moins de deux ans après la mort de JFK, Malcolm X est assassiné. Vingt millions d’Afro-américains sont sous le choc.
Parmi eux Bobby Stills et Huey Norton qui s’unissent pour créer le 15 octobre 1966, à Oakland, le Black Panther Party for Self-Defense avec un programme en 10 points selon deux axes : «Ce que nous voulons» et «Ce en quoi nous croyons».
Alors que les Etats-Unis sont enlisés dans la guerre du Vietnam, c’est le début d’une autre guerre qui a lieu cette fois-ci dans les rues américaines : le Gouvernement américain (White America) vs. les Black Panthers (Black Power).
Roman lu dans le cadre du Prix du Festival Sans Nom 2018, qui a lieu à Mulhouse les 20 et 21 octobre 2018.
Qu’il est difficile d’écrire sur ce roman ! Qui commence comme un document d’ailleurs…
Les premières pages nous font revivre en direct l’assassinat de Malcolm X qui brise les espoirs de millions d’américains. C’est cru, c’est vrai et traumatisant.
L’Amérique est alors divisée entre les mouvements révolutionnaires qui émergent des ghettos et la non-violence prônée par un certain Martin Luther King. Malgré son militantisme pacifique en faveur des droits civiques des Noirs aux États-Unis, pour la paix et contre la pauvreté, il sera lui aussi assassiné le 4 avril 1968 à Memphis.
En parallèle, on découvre l’histoire de Bobby Stills et Huey Norton, les deux jeunes qui seront à l’origine de la révolution initiée par les Black Panthers. Un mouvement armé jusqu’aux dents qui va rapidement voir grossir ses rangs de milliers de militants qui vont défier l’Amérique raciste.
Une fois les Black Panthers créées, le roman est une succession de chapitres donnant la parole à trois personnes : Charlène, jeune militante des BP qui rugit de colère et de haine contre les «porcs» que sont les flics ; Neil, officier de police, bouleversé par la mort de son coéquipier lors d’un banal contrôle de papiers qui dérape ; et Tyrone, une petite frappe infiltré par le FBI chez les BP.
Ainsi, le lecteur passe de l’un à l’autre des personnages au coeur d’une violence sans nom. Malgré leur jeunesse, les BP sont organisés, ils éditent leur propre journal, ont leurs codes, distribuent des repas aux jeunes défavorisés et s’unissent dans l’adversité avec un objectif : l’égalité. Et, d’une certaine façon même si c’est antinomique avec leur façon de faire : la paix.
De l’autre côté, quand ils ne sont pas en dépression, les flics s’organisent pour faire régner la loi, mais leurs maladresses se mélangent avec leur débordements volontaires et le pays plonge dans le chaos : révoltes, protestations, guérillas… La haine et la colère dirigent les ghettos. On ne compte plus le nombre de clans qui se battent, en revanche, le nombre de cadavres ne cesse d’augmenter.
Ça a foiré à cause de nous. Pas à cause du FBI, de la came, des gangs. Ils nous ont pourri la vie mais, le vrai problème, c’était nous. Trop pressés. Des siècles qu’on avait rien, alors on voulait tout et on a foncé. On était sur tous les fronts, tellement impliqués qu’on a rien vu venir. L’envie, c’est ce qui nous a tués.
{…} C’est pour ça qu’on s’est unis. Organisés. On avait nos codes, notre langage, notre journal, notre musique, notre cinéma, notre look, nos penseurs, nos écoles, nos cliniques, notre capitale, notre président, nos ministres, notre indépendance.
On était noirs.
On était libres.
On était les Black Panthers.
En résumé, Power de Michaël Mention est un livre inclassable !
Un roman faisant office de référence dans l’Histoire des Etats-Unis, liant la réalité et la fiction grâce à des personnages plus vrais que nature, et une écriture romanesque incisive et affutée qui saigne là où ça fait mal.
Tout un pan de l’Histoire américaine trop méconnue qui gagnerait à être mieux (ou plus) enseignée à l’école. Un roman à mon sens nécessaire sur l’Amérique des sixties marquée au fer rouge par une révolution culturelle et politique sans commune mesure.
Présentation du roman aux Éditions Stéphane Marsan
A propos de l’auteur :
Michaël Mention est l’une des figures les plus attachantes de la nouvelle génération du « noir ». Après les formidables, parmi bien d’autres, Jeudi Noir (Ombres Noires, 2014), …et justice pour tous (Rivages, 2015) ou encore Bienvenue à Cotton’s Warwick (Ombres Noires, 2016), le jeune romancier nous promet, avec le très attendu Power (Stéphane Marsan, 2018), un nouveau tour de force par une immersion historique d’un réalisme stupéfiant dans l’une des oppositions les plus violentes et symboliques qu’aient connues, au XXe siècle, les Etats-Unis sur leur sol. Non seulement ce roman nous jette dans cette réalité « qui macère, mendie et crève », mais il marque également le lancement d’une nouvelle maison d’édition (Stéphane Marsan) !
Une occasion supplémentaire de fêter son éclosion au prochain Festival Sans Nom !
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