
L’âge fragile – Valérie Mollière
Document/essaiAuteur : Valérie Mollière
Genre : Récit
Nombre de pages : 167
Éditions Henry Dougier (31 octobre 2018)
Je connais Valérie depuis longtemps, très longtemps. Même petite, j’ai toujours perçu qu’elle était douce, empathique et sereine.
Il y a quelques jours, j’apprends qu’elle sort un livre, un récit sur son expérience en tant qu’infirmière coordinatrice en EHPAD. Même si cela contraste grandement avec mes lectures habituelles, j’étais curieuse de le découvrir. Valérie, je te remercie vivement de m’avoir offert la primeur de le lire.
Pour bien comprendre tout l’enjeu de ce livre, rappelons-nous que le temps file et qu’il n’est pas loin le temps où nous serons nous-même une personne âgée. Dans un monde égoïste et vieillissant comme l’est le notre aujourd’hui, c’est un vrai sujet de société que de se demander comment se portent nos anciens.
Qu’est-ce qu’un EHPAD ? Et, comment y vit-on ?
Sommes-nous tous amenés à vivre dans un établissement spécialisé pour personnes âgées dépendantes ? Face à la maladie, nous sommes tous égaux.
Enfin, et même si ce n’est pas l’objectif principal du roman, il est pour moi essentiel d’en parler : qui sont ces gens qui s’occupent de nos ainés ? Quelles sont les conditions de travail des soignants et qu’est-ce qui les fait tenir ? Comment leur motivation n’est-elle (en apparence tout au moins) jamais altérée ?
LE RESPECT DE NOS ANCIENS
Ce livre est un récit de vie sur un sujet particulier qui ne séduira peut-être pas tout le monde. Mais, au travers de scènes du quotidien et de portraits de résidents qu’a connus Valérie Mollière pendant sa carrière, il est prenant.
Avec toute la sensibilité qui la caractérise, Valérie réussit à nous immerger avec délicatesse dans son quotidien dans lequel, contrairement aux reportages télé souvent à charge contre ces établissements, on peut vivre des moments bienveillants, simples et parfois même empreints de bonheur.
Pour exemple, la partie « maintenir du lien » qui fait notamment référence aux liens que les familles des résidents entretiennent avec leurs parents, mais aussi aux liens qui existent entre les résidents qui vivent ensemble, qui apprennent à se connaitre et parfois même à s’apprécier.
Evidemment, tout n’est pas rose et ce serait mentir que de dire que tout va bien. Tant pour les résidents que pour les soignants. Valérie fait état du manque de personnel, du manque cruel de temps pour bien s’occuper de tous, mais elle montre aussi combien l’écoute est une solution efficace pour rassurer nos ainés et leur permettre de bien vieillir, quel que soit leur état de santé (physique et mental).
Combien de larmes ai-je vu couler le long de leurs joues creusées, combien de souffrances ai-je côtoyées sans rien pouvoir faire, sinon tenir les mains de ces petits vieux dans les miennes, avec toute la douceur dont ils avaient besoin, et soigner leur solitude autant que leur corps ?
Alors, pour répondre à l’une des questions posées plus haut, un EHPAD est un Etablissement d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes, c’est-à-dire une maison de retraite pour les plus de 60 ans en situation de perte d’autonomies physique et/ou psychique et qui ne peuvent plus être maintenues à domicile.
C’est une structure médicalisée qui offre de l’aide à la vie quotidienne et des soins médicaux personnalisés opérés par un personnel soignant qualifié.
En France, on dénombre plus de 7.000 EHPAD dans lesquels 6% des personnes âgées de plus de 85 ans vivent aujourd’hui. Ils peuvent être spécialisés dans les maladies comme Alzheimer, Parkinson ou dans des maladies neuro-dégénératives.
Evidemment, il y a des établissements dans lesquels on peut assister à des scènes affreuses, voire difficilement soutenable. Mais ce que Valérie essaie de nous montrer, c’est l’autre version, celle de ceux qui vivent les choses de l’intérieur et clairement, il est impossible de rester insensible.
Oui, il est question de défaillance, de souffrance, de solitude, de dépendance et parfois même de la volonté d’en finir.
Mais oui, il est aussi question d’humanité, de douceur et d’empathie. D’humour aussi parfois.
Même si le sujet est sensible, car comme partout il y a des bons et des mauvais exemples, Valérie nous montre combien il est important de pouvoir compter sur des professionnels engagés, volontaires et bienveillants.
S’il y a bien quelque chose qui demeure malgré l’avancée en âge, c’est l’alchimie des désirs, la force des sentiments et la volonté de s’ancrer dans la mémoire du monde. Et, bien que nos désirs se transforment, se manifestent de façon détournée ou disparaissent parfois un long moment, ils ressurgissent un jour, décomposés ou recomposés, mais toujours présents. La personne âgée qui oublie ou qui semble ne plus pouvoir se souvenir des événements récents reste toujours détentrice d’une mémoire, celle de ses désirs, des mots ou des sons qui l’ont fait vibrer et avancer, et je crois qu’il est bon que nous le sachions.
Car nous sommes promis au même avenir, il n’est pas inutile de s’intéresser à la condition de nos ainés. Et L’âge fragile est une bonne façon d’y être sensibilisés. Bravo Valérie, continue à faire ce que tu fais, et à nous insuffler le souffle de la vie que nous aimons tant !
Présentation du roman aux Éditions Henry Dougier
Pour en savoir plus Senioractu.com
A propos de l’auteur :
«J’ai exploré ce continent qu’est la vieillesse et, dans cet entre-deux, entre peine et plénitude, mon coeur de soignante s’est frayé un passage.»
Valérie Mollière, aujourd’hui infirmière coordinatrice en EHPAD, signe ici son premier livre, un vrai concentré de vie.
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