La ballade de l’enfant gris – Baptiste Beaulieu
Littérature françaiseAuteur : Baptiste Beaulieu
Genre : Littérature française
Nombre de pages : 416
Editeur : Mazarine (28 septembre 2016)
Jo’ est interne en pédiatrie. Il prend grand soin des enfants, mais s’attache tout particulièrement à l’un d’entre eux, No’, dont la mère n’est pas très présente. Un jour, alors qu’il entre dans la chambre de l’enfant, il se passe quelque chose, appelée «la déchirure», et depuis, le fantôme de No’ le suit partout. Jo’ est très perturbé par cette silhouette dans son dos. Ne sachant plus que faire, il décide de partir à la recherche de la mère de No’ pour lui «rendre» son enfant.
Je remercie chaleureusement Baptiste Beaulieu pour sa dédicace personnalisée, ainsi que les Editions Mazarine pour la lecture de La Ballade de l’enfant gris.
Sur la chronique très enthousiaste d’Angélique (Les Lectures de Lily) au sujet du 2ème roman de Baptiste Beaulieu, Alors, vous ne serez plus jamais triste, j’avais découvert une plume d’une sensibilité rare. Avec ce nouveau roman, je me réjouissais de me replonger dans l’univers de l’auteur que j’affectionne particulièrement. Par chance, nous avons réussi à nous caler l’une et l’autre pour le lire en même temps. C’est donc en lecture commune avec Angélique que j’ai pris en mains La Ballade de l’enfant gris.
C’est avec une certaine impatience que j’ai entamé ce roman et, dès le départ, retrouvant avec joie l’écriture de Baptiste Beaulieu, j’ai senti qu’il fallait me freiner pour ne pas le lire trop vite. Car l’histoire est prenante et ce dès les premières pages. «La déchirure» est annoncée dans le 1er chapitre même si le lecteur ne sait pas encore en quoi elle consiste (et tout le long du livre vous vous poserez la question). Certes, le terme est significatif mais tout de même, il est impossible de savoir précisément ce à quoi cela correspond.
En dédicace, l’auteur m’indiquait «vous n’en devinerez jamais la fin» et c’est vrai. A la lecture des premières pages, je ne pouvais imaginer histoire plus complexe (mais la vie est si complexe !).
No’ est un enfant de sept ans qui est condamné par une maladie du sang qui le rend littéralement gris. Il n’est pas l’un des patients de Jo’ mais Jo’ s’y attache car No’ a une particularité : sa mère, Maria, est peu présente à ses côtés. Elle n’est pas souvent là, et même lorsqu’elle est là, elle repart assez vite. Elle aime son fils, à sa façon. Même si elle sent bien les regards accusateurs des soignants qui aimeraient lui faire comprendre combien sa présence peut influer sur l’état de son fils. Malheureusement, on ne fait pas toujours ce qu’on veut, mais ce qu’on peut.
Le rire, c’est la forme la plus noble du courage.
Alors, pour compenser l’absence de Maria, Jo’ prend No’ sous son aile. Il est rieur, ça tombe bien l’enfant aussi, à deux ils font des blagues aux autres. Mais, à force de rire de tout, rien n’est plus sérieux et, pour ne pas faire peur à No’, Jo’ en vient à mentir au sujet des analyses et de ce qui l’attend irrémédiablement : l’entrée dans la chambre 33, celle de laquelle aucun enfant ne ressort jamais. Un mensonge en entrainant un autre, il devient difficile de dissocier le rêve de la réalité et c’est une histoire poétique qui nous est contée.
Lorsque Jo’ part à la recherche de Maria, No’ sur ses talons, il nous entraine dans son sillage et, de fil en aiguille, nous nous prenons à chercher des indices pour retrouver Maria, comprendre qui elle est, pourquoi elle s’est conduite ainsi avec son propre fils. La vie n’est pas un long fleuve tranquille et, pour preuve, la vie de Maria est une succession d’événements qui l’ont conduite dans cette chambre d’hôpital où «la déchirure» a eu lieu.
On se trompe sur Jésus, No’… S’il pouvait encore parler, tu sais ce qu’il nous dirait là, tout de suite, à toi et à moi ? Il nous dirait : « Amusez-vous, les enfants, amusez-vous ! Si vous ne vous amusez pas, je serai mort pour rien. »
En quatrième de couverture, il est indiqué que c’est le choc de la disparition de l’un de ses jeunes patients qui a inspiré l’écriture de La Ballade de l’enfant gris à Baptiste Beaulieu. En effet, on sent qu’il y a du vécu. Impossible de savoir à quel point, mais peu importe, l’homme (derrière le médecin) a souffert et la perte de cet enfant l’a marqué à vie.
Le sujet est terriblement difficile. J’ai été très perturbée par les scènes à l’hôpital lorsque l’enfant questionne son ami médecin pour savoir ce qui l’attend. Et les réponses de Jo’ m’ont à la fois rassurée et mise mal à l’aise. Ensuite, cette image du fantôme de No’ qui accompagne Jo’ dans sa quête pour retrouver Maria m’a légèrement déstabilisée. Le fantôme et l’interne forment un duo improbable et pourtant complice. L’homme part à la recherche de la mère et cette fois, c’est l’enfant qui le rassure, lui donne confiance en lui.
Un mensonge n’a aucun pouvoir en lui-même. Il devient important dès lors qu’on accepte d’y croire. Le mensonge est un acte coopératif. Et utile.
Il faut accepter une part de rêverie pour entrer dans l’histoire. L’imaginaire prend parfois le dessus sur le réel. Pour tout autre auteur je ne sais pas si j’aurais apprécié mais Baptiste Beaulieu a le don de nous entrainer dans des histoires extraordinaires avec douceur et finesse, alors je l’ai suivi volontiers. La fin est sujette à interprétation mais j’ai l’impression que c’est pour que chaque lecteur se l’approprie. Et pourquoi pas ?
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Si vous voulez un autre avis, retrouvez la chronique d’Angélique – Les lectures de Lily sur La Ballade de l’enfant gris
Pour mieux connaitre l’auteur, retrouvez ma chronique d’Alors, vous ne serez plus jamais triste
Présentation du roman chez Mazarine
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A propos de l’auteur :
Médecin généraliste âgé de 30 ans, Baptiste Beaulieu est l’auteur de deux livres remarqués : Alors voilà, les 1001 vies des Urgences (Fayard 2013 ; Livre de poche, 2015), et Alors, vous ne serez plus jamais triste (Fayard 2015 ; Livre de poche 2016).
Il tient le blog «Alors voilà» : il y raconte ses anecdotes de jeune médecin avec un savant mélange d’humour et d’autodérision. Aujourd’hui, il compte plus de 5 millions de visiteurs.
Le petit plus :
Dans La Ballade de l’enfant gris, il est question de clowns à l’hôpital. Des bénévoles qui amusent les enfants malades pour leur redonner le sourire le temps de leurs pirouettes. Depuis près de 20 ans, je soutiens l’Association Le Rire Médecin. Si vous voulez en savoir plus, cliquez ici. Merci !
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