Interview terrible de Mathieu Menegaux
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Interview
L’interview Carobookine : le rendez-vous incontournable pour vous lecteurs.
Chaque mois un auteur prend la parole et nous dévoile ses secrets d’écrivain.
Mathieu Menegaux
«Crois en tes rêves»
Mathieu Menegaux est un auteur français dont le premier roman, Je me suis tue, a reçu le Prix du premier roman de Sablet, présidé par François de Closets. Il est actuellement en lice pour le Prix du meilleur roman des lecteurs de Points.
Son deuxième roman, Un fils parfait, est sorti chez Grasset en début d’année, et a obtenu le Prix Claude Chabrol du roman noir adaptable au cinéma.
Aujourd’hui, il me fait le plaisir de répondre à mes questions.
Entre le thème de la mère infanticide dans Je me suis tue et celui du père incestueux dans Un fils parfait, d’où vous vient ce goût pour les faits divers ?
Mathieu Menegaux : Présenté comme ça, je vais donner envie !
Le gars qui parle de la mère infanticide et du père incestueux, il doit être dangereux… Plus sérieusement, ce n’est pas tant le goût pour les faits divers que la fragilité des situations qui m’intéresse. Mes deux héroïnes sont bien installées dans une vie confortable, heureuse, privilégiée, et tout à coup la machine s’emballe, un événement extérieur précipite des choix, des décisions, des contradictions. Une victime devient coupable, les apparences sont trompeuses et les sentiers de l’âme tortueux…
Vos titres sont à la fois chocs et parlants. Comment les choisissez-vous ?
Mathieu Menegaux : C’est mon éditrice qui a trouvé le premier titre Je me suis tue. Quand elle me l’a proposé, j’ai trouvé ça génial, j’ai été emballé tout de suite. Un fils parfait, pour le coup, c’est moi qui l’ai trouvé, mais je le trouve un peu moins fort que Je me suis tue…
Vous êtes un homme et pourtant, dans vos deux romans, vous écrivez à la première personne du singulier au nom d’une femme.
Comment faites-vous pour vous glisser si bien dans la peau d’une héroïne féminine ?
Mathieu Menegaux : Je suis marié depuis plus de vingt ans, j’ai deux filles, je suis cerné par les femmes !
Auparavant, j’ai entretenu de longues correspondances avec des femmes, à l’époque où l’on racontait sa vie en un peu plus de 140 signes, où l’on couchait ses sentiments, ses peurs, ses joies sur des feuilles de papier. En ce temps-là une journée n’avait jamais la même saveur selon qu’une lettre nous attendait ou pas. Ces relations épistolaires m’ont beaucoup éclairé sur le cœur des femmes.
Et puis, pour tout vous dire, je crois que j’aurais aimé être une femme, avoir ce côté magique, et le privilège de donner la vie. L’écriture était une occasion unique de me glisser dans la peau d’une femme.
Et puis je me fais relire ! J’ai quelques amies proches, qui n’hésitent pas à me dire quand je fais fausse route. Quant à mon éditeur, c’est une éditrice, Martine, que j’appelle la deuxième femme de ma vie. Elle n’hésite pas à rayer un paragraphe en me renvoyant en pleine figure un «mais c’est un truc de mec, ça !».
Le cheminement de pensée est au cœur de vos deux romans.
Comment en vient-on à prendre une décision irréversible et surtout comment s’y tenir ?
Mathieu Menegaux : Je crois que ce n’est pas le cheminement de la pensée. C’est le cheminement de l’état d’esprit que j’essaye de décrire. Mes héroïnes prennent des décisions radicales placées face à une situation. Il n’y a pas de pensée, peu de résolution. Ces décisions s’imposent compte tenu du contexte, et de l’évolution de leur environnement personnel.
Vous concourrez actuellement pour le Prix du meilleur roman des lecteurs de Points au côté d'autres auteurs de grand talent.
Qu’est-ce qui vous distingue des autres ? Que diriez-vous aux lecteurs pour les convaincre ?
Mathieu Menegaux : Je ne sais pas ce qui me distingue des autres, mais vraiment, ça me ferait trop plaisir ! Et promis dans ce cas là j’en écris tout plein d’autres, dont au moins un qui vous fera rire, si, si, je m’y engage.
Maintenant que vous nous avez rendus addict à votre plume, avez-vous un nouveau projet en cours ?
Mathieu Menegaux : J’ai deux histoires en tête, et un projet très ambitieux, pour lequel il faudrait que je prenne ma retraite… Je réfléchis à des idées, des situations, des personnages, mais je n’ai encore rien de construit à ce stade. C’est un peu toujours comme ça, je cogite, j’observe, je me documente, je mûris le projet et quand je m’y mets je ne m’arrête plus.
Mathieu Menegaux : «Crois en tes rêves».
Vous qui êtes écrivain, vous arrive-t-il de lire d’autres auteurs ?
Mathieu Menegaux : Tout le temps !
Je suis un lecteur compulsif. Un à deux romans par semaine. Je lis de tout, des polars, des romans contemporains, des classiques. J’aime les auteurs qui me bousculent, qui me surprennent par leur écriture, qui me tiennent éveillés par leur narration. J’ai adoré Yann Queffelec pour la violence des sentiments, Sébastien Japrisot pour l’art du suspens et de l’inattendu pas téléphoné, Dostoievski pour sa compréhension de l’âme humaine, Alexandre Dumas et Victor Hugo pour leur don indécent à manier à la fois l’analyse et la tension, et San Antonio pour sa langue.
Aujourd’hui, je guette Valentine Goby et Alessandro Barrico. Un paquebot dans les arbres et Mr Gwynn sont deux merveilles sur lesquelles vos abonné(e)s devraient se précipiter.
Quel livre lisez-vous en ce moment ?
Mathieu Menegaux : Là maintenant tout de suite, Aux 5 rues, Lima de Vargas Llosa, et je me régale.
Quel est votre dernier coup de cœur ?
Mathieu Menegaux : J’ai cité Valentine Goby et Un paquebot dans les arbres, je rajouterais bien Rafael, derniers jours, un OVNI complet, court, dense et frappant et puis je ne suis pas complètement remis de D’après une histoire vraie de Delphine de Vigan, qui réussit le tour de force de nous laisser en plan avec 1000 questions, un peu comme David Lynch à la fin d’un film, où on se sait rien de ce qui est vrai, de ce qui ne l’est pas, j’ai adoré !
Et si vous voulez rigoler un bon coup, Sans nouvelle de Gurb de Eduardo Mendoza est une perle.
Question bonus : l’interview Carobookine, c’est chaque mois un nouvel auteur qui prend la parole : un cercle d’intimes pour les abonnés Carobookine. Vous avez joué le jeu des confidences (merci !). Maintenant c’est à vous de choisir qui vous souhaitez nous faire connaitre mieux.
Alors, à qui passez-vous le relais ? Quel sera le prochain à nous dévoiler ses secrets d’écrivain ?
Mathieu Menegaux : eh eh, j’adore. Plouf plouf, allez embêter Marinette Levy, pour Trop de Lumière chez Plon.
Mathieu, je vous remercie chaleureusement pour votre gentillesse et le temps que vous avez bien voulu m’accorder. Merci d’avoir joué le jeu des confidences.
A bientôt,
Crédit photo JF Paga.
Retrouvez mes chroniques de Je me suis tue et d'Un fils parfait
Présentation du roman chez les Editions Points
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