Entretien inédit avec Agnès Martin-Lugand
Interviews . Mes petits +Interview
Photo Paolo Pizzimenti
.
L’interview Carobookine : le rendez-vous incontournable pour vous lecteurs.
Chaque mois un auteur prend la parole et nous dévoile ses secrets d’écrivain.
.
Agnès Martin-Lugand
«J’ai la chance extraordinaire d’exercer un métier passion».
A l’occasion de la sortie de son quatrième roman en avril prochain, Agnès Martin-Lugand, l’auteur du best-seller Les Gens heureux lisent et boivent du café, a bien voulu se prêter aux jeux des confidences.
.
En 2013 nous découvrions Diane dans Les Gens heureux lisent et boivent du café, en 2014 nous avions le plaisir de suivre Iris dans Entre mes mains le bonheur se faufile, en 2015 nous retrouvions avec joie Diane dans La vie est facile, ne t’inquiète pas. Alors en 2016, avec qui allons-nous faire connaissance ?
Agnès Martin-Lugand : Comme dans mes romans précédents, c’est une femme qui tiendra le rôle principal de mon quatrième roman. Il s’intitule Désolée, je suis attendue et sortira le 14 avril prochain aux éditions Michel Lafon.
.
Alors justement, Françoise Giroud disait «Placer un verbe dans un titre le renforce. Et c’est encore mieux si ce verbe est au présent ou au futur.» Vos titres ne dérogent pas à la règle, comment les choisissez-vous ? A quel moment vous apparaissent-ils ?
Agnès Martin-Lugand : Je n’ai jamais commencé à écrire en ayant le titre. Il me vient au fur et à mesure de l’écriture ou même après.
Pour Les Gens heureux lisent et boivent du café, je l’ai eu sous les yeux durant tout le temps de l’écriture puisque c’était le nom que j’avais choisi pour le café littéraire de Diane, et c’est une fois que l’écriture a été achevée que l’évidence a été là.
Pour mon deuxième roman c’était plus compliqué. Je voulais trouver un titre dans la continuité des Gens heureux… et il ne m’est apparu qu’après la fin du roman.
La Vie est facile ne t’inquiète pas m’est venu plusieurs semaines après la fin de l’écriture du roman. Au début c’était «Les Gens… la suite». Et c’est une chanson d’AARON «Little love» qui occupe une place importante dans ma vie (d’ailleurs citée en exergue au début du roman) qui a finalement fait émerger le titre. Cette chanson aurait pu aider Declan – le fils d’Edward qui a perdu sa mère – à soulager sa peine et sa tristesse. Bizarrement ce titre a été perçu comme provocateur, «la vie n’est pas facile» m’a-t-on dit, j’en ai conscience et c’est pourquoi je l’assume et je le revendique, je le vois un peu comme un leit-motiv : si chaque matin on se disait « la vie est facile », je suis sûre qu’on aborderait la journée avec plus de légèreté !
Pour mon dernier roman, pendant l’écriture je suis tombée sur une phrase qui collait parfaitement au roman. Je l’ai retenue.
J’aime les titres qui donnent des pistes sur l’histoire, chacun peut y comprendre un tas de choses différentes.
.
On imagine l’écrivain hors du temps, dans sa bulle protectrice qui favorise la création. Et vous, comment écrivez-vous ?
Agnès Martin-Lugand : Je commence par plusieurs mois de réflexion pendant lesquels je pense à l’histoire (avant je ne prenais aucune note, maintenant j’en prends de plus en plus), aux personnages qui ont chacun une histoire avant et après le roman. Ensuite j’écris le scénario, et quand je me sens à l’aise avec l’histoire je me lance dans l’écriture. Et là oui je suis un peu dans ma bulle, embarquée par mes personnages.
Ma journée type quand je suis en phase d’écriture ? Levée à 5h30 du matin, je me prends un café, une clope, je mets de la musique et je suis prête pour une grosse journée d’écriture. Je fais une pause lorsque mes enfants se lèvent. Je les amène à l’école et je me remets à écrire jusqu’à l’heure où je retourne les chercher à l’école. Contrairement à d’autres qui trouvent l’inspiration à la tombée de la nuit, j’écris rarement le soir. Je suis plutôt du matin.
Parfois je fais une pause, cela me permet de prendre du recul sur ce que j’ai écrit, c’est un travail nécessaire pour embellir le texte.
J’aime être en fusion quasi totale avec mon héroïne. Je ressens physiquement ses émotions pour mieux les coucher sur le papier, je vis avec elle tout le temps de l’écriture. Ensuite c’est à vous que je la confie !
.
Vous qui êtes mélomane, quelle place joue la musique dans votre travail d’écriture ?
.
Agnès Martin-Lugand : Je ne peux pas vivre sans musique. Et je n’écris qu’en musique. Pour chaque roman je crée une bande originale et chaque scène a sa musique. S’il n’y a pas de BO, il n’y a pas d’écriture.
Beaucoup de titres me viennent pendant ma phase de réflexion, ils me permettent de visualiser une scène en particulier ; j’en redécouvre certains (cf. nouvelle version d’Unplugged), j’en cherche de nouveau et au final il n’y a que peu d’écart entre la première et la version finale de la BO.
Quand je repense à la scène où Marthe étrangle Iris (Entre mes mains le bonheur se faufile), c’est la chanson Meds (PLACEBO) que j’entends. La chanson me donne l’ambiance, l’atmosphère dans laquelle j’écris et la scène ne se termine que lorsque la chanson est arrivée à son terme.
.
Psychologue de formation, aujourd’hui vous êtes devenue une romancière connue et reconnue. Vous aimez aller à la rencontre de vos lecteurs. Pouvez-vous me citer une anecdote qui vous a particulièrement marquée ?
Agnès Martin-Lugand : Il y a trois ans seulement, je venais de publier mon premier roman en auto-édition. Aujourd’hui, chaque fois que je me ballade dans une librairie et que j’y vois mes romans, je me pince pour y croire.
Ce qui me marque le plus ce sont tous les lecteurs qui viennent vers moi et qui me disent merci, je me sens alors toute petite, c’est merveilleux, je suis à la fois honorée et bouleversée par leurs marques d’affection.
En novembre dernier je suis allé en Russie pour trois séances de dédicace devant plus de cent personnes chaque soir, et là je me suis rendue compte du chemin parcouru en trois ans seulement.
J’ai la chance extraordinaire d’exercer un métier passion et je le savoure chaque jour comme une petite fille un matin de Noël.
.
Vous qui êtes écrivain, êtes-vous aussi lectrice ?
.
Agnès Martin-Lugand : Je détestais lire jusqu’à mes vingt ans. Et puis, pendant mes études je lisais beaucoup d’ouvrages psychanalytiques, alors pour me reposer le cerveau (et passer le temps dans les transports en commun), je me suis mise à lire des romans.
Depuis, j’aime lire le soir avant de m’endormir. En vacances, j’emporte une pile démesurée de livres. J’aime me mettre au calme pour lire tranquillement. Evidemment je lis beaucoup moins en période d’écriture.
.
- Vos romans préférés, AML : Orgueil et préjugés de Jane Austen, la plupart des livres d’Alexandre Jardin : Le petit sauvage, Fanfan, Bille en tête, Le zubial, etc…, les Chroniques de San Francisco d’Armistead Maupin, Moi, Charlotte Simmons de Tom Wolfe. Et, plus jeune, les Contes de Grimm bien sûr.
- Votre livre de chevet actuel, AML : Et rien d’autre de James Salter
- Votre dernier coup de cœur, AML : Les vies multiples d’Amory Clay de William Boyd
.
Agnès Martin-Lugand, les gens qui vous lisent sont heureux, cela rend leur vie plus facile et ils ne laissent pas leur bonheur se faufiler. Alors sans plus attendre, je vous remercie de nous avoir révélé une part de votre intimité.
.
A très bientôt,
.
J’ai rencontré Agnès Martin-Lugand à la Foire du Livre de Saint-Louis en avril 2015
.
Agnès Martin-Lugand est sur Facebook
Retrouvez mes chroniques sur : Entre mes mains le bonheur se faufile et La Vie est facile, ne t’inquiète pas.
date
L | M | M | J | V | S | D |
---|---|---|---|---|---|---|
1 | 2 | 3 | 4 | 5 | 6 | |
7 | 8 | 9 | 10 | 11 | 12 | 13 |
14 | 15 | 16 | 17 | 18 | 19 | 20 |
21 | 22 | 23 | 24 | 25 | 26 | 27 |
28 | 29 | 30 | 31 |
Laisser un commentaire