Elastique nègre – Stéphane Pair
Premier romanAuteur : Stéphane Pair
Genre : Premier polar
Nombre de pages : 288
Éditions Fleuve noir (9 février 2017)
Fin des années 1990. Vieux-Bourg en Guadeloupe. Le corps d’une jeune femme blanche est retrouvée sans vie dans la mangrove.
Le lieutenant-colonel Gardé mène l’enquête au coeur d’une communauté plus que méfiante et vérolée par le trafic de drogue.
Ce livre a concouru dans le cadre du 1er Prix du Festival Sans Nom 2017.
Cette année, j’ai fait partie des membres du jury pour la première édition du Prix du Festival Sans Nom, le Festival du Polar qui se déroule pour la 5ème année consécutive à Mulhouse. En lice, il y avait fait six romans, dont Elastique nègre faisait partie. Le titre et la couverture m’intriguaient mais j’étais loin de me douter du choc littéraire que je découvrirais en le lisant.
Au début du roman sont présentés les huit personnages majeurs de l’intrigue : Jimmy (petit frère de Gina), Gardé (officier de gendarmerie), Aymé (pêcheur à la retraite), Aristide (dit «Vegeta», le dealer), Gina (la conteuse), Tavares (narcotrafiquant bahaméen), Josette (quimboiseuse) et Lice (étudiante américaine). Il est nécessaire de s’en souvenir pour bien entrer dans l’histoire dont les chapitres alternent entre les versions des uns et des autres. Car tous sont liés d’une façon ou d’une autre au cadavre retrouvé dans la mangrove.
Elastique nègre est un roman choral dur et puissant, bien loin des paysages de Guadeloupe qui nous font rêver. Ici, la plage est une scène de crime et les personnages n’ont rien à voir avec des touristes ! Au contraire, on découvre une Guadeloupe loin des clichés, avec en son coeur trafic de drogue, violence et règlements de compte. Une écriture vive et incisive pour un suspens rondement mené.
L’écriture est un chemin étrange. L’emprunter, c’est aller d’un côté et de l’autre de la pensée. C’est se donner les moyens d’embarquer quelques instants à bord d’un puissant navire capable d’aller des deux côtés de cette frontière épaisse qui empêche la parole de ne jamais toucher son but. Sauf peut-être la nuit, à la faveur du rêve et de cette lucidité qu’il confère parfois. Cette gentille illusion nocturne où tout semble un instant limpide, évident, jusqu’au réveil où il ne reste plus rien qu’un peu de sable à dilapider entre les mains. L’écriture rend parfois moins pénible cette défaite quotidienne du verbe à décrire simplement notre vie et tout ce qu’elle charrie. Moi, elle m’a permis en tout cas de dire, à ceux que j’aime, bien des choses que ma langue n’est jamais vraiment parvenue à formuler. Cette évidence, tant de gens l’ignorent pourtant. Au lieu d’accepter la force d’une image, d’une caresse ou d’un livre, ils continuent de vouloir tout dire. Ils s’évertuent à penser que parler, c’est penser…
Présentation du roman aux Éditions Fleuve Noir
A propos de l’auteur :
Stéphane Pair est né à Paris en 1971. Journaliste pour la chaîne publique France Info, il traite depuis près de dix ans les faits divers, les questions de justice et de société. En 2017 il publie son premier roman Elastique nègre (Fleuve Noir, 2017), d’une singularité stylistique tout à fait surprenante. Des squats de Pointe-à-Pitre au volcan endormi de Montserrat, de Key West à Sainte-Lucie, une immersion envoûtante dans un monde où la beauté animale n’a d’égale que l’obscure la bestialité qui sommeille au fond des hommes.
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Stéphane Pair a une plume à part, une univers très personnel dès son premier roman. Et ça c’est fort