Au bonheur des dames – Emile Zola

Auteur : Emile Zola

Genre : Littérature française

Nombre de pages : 432

Éditions Bibebook (9 juin 2015)

Suite au décès de son père, Denise quitte Valognes et arrive à Paris avec ses deux frères. Elle doit se rendre chez son oncle Baudu, drapier, et propriétaire du magasin Au vieil Elbeuf situé en plein coeur de Paris. Mais, en arrivant place Gaillon, c’est Au Bonheur des Dames qui l’éblouit : un grand magasin de Nouveautés avec de belles vitrines, lumineuses, laissant voir des produits colorés en grand nombre. 

Alors qu’elle est hébergée chez son oncle, pour gagner sa vie Denise trouvera un emploi de vendeuse Au Bonheur des Dames. Ainsi, elle se retrouve au coeur de la tourmente : l’expansion et la réussite du Nouveau Commerce opposé aux commerces traditionnels qui sombrent tout au long du roman. 

Au Bonheur des Dames est un roman d’Émile Zola publié en 1883, le onzième volume de la suite romanesque les Rougon-Macquart. 

Etudié en classe de 4ème par mon fils ainé, ce grand classique nous a accompagnés pendant trois mois. Après lecture, nous avons analysé avec minutie son texte, ses observations comme une fenêtre sur les habitudes d’autrefois et les répercussions sur la vie des français (et du monde entier) à cette époque.

Denise est une petite provinciale naive mais pleine de bonne volonté, qui n’a d’autre choix que de monter à Paris pour subvenir à ses besoins ainsi qu’à ceux de ses deux frères. Lorsqu’elle se fait embaucher au Bonheur des Dames, elle découvre un monde cruel et sans pitié : les vendeuses entre elles sont terribles ; la précarité de l’emploi est une source de stress considérable pour celle qui voudrait passer inaperçu ; enfin, elle assiste au développement de ce magasin et à la mort des anciens petits commerces. C’est beaucoup pour une jeune femme !

Pour autant, elle ne se laisse pas abattre car si elle est fragilisée par son inquiétude vis-à-vis de son oncle, sa tante et de sa cousine (qui se meurt à petit feu), elle est assez intelligente pour entrapercevoir les bienfaits du commerce moderne.

{…} l’évolution logique du commerce, les nécessités des temps modernes, la grandeur de ces nouvelles créations, enfin le bien-être croissant du public. 

Elle comprend vite les nouveaux codes mais surtout l’intérêt pour les femmes et leur désir d’émancipation. Pour la première fois, elles peuvent venir dans ce magasin seules (sans mari, ni chaperon) pour acheter à leur guise ou seulement pour flâner car si les articles sont intéressants en prix ils ont autant de valeur pour le plaisir des yeux. Auparavant, les Bourgeoises s’ennuyaient dans leur prison dorée ; désormais, elles s’offrent un petit plaisir en allant au Bonheur des Dames. Elles sont au coeur de la société, elles gagnent en autonomie et elle consomment. En un mot, elles vivent !

Très vite, Denise tombe amoureuse de M. Mouret, propriétaire du magasin et misogyne (même si forcément son personnage va évoluer au fil du roman). Visionnaire, moderne et n’ayant peur de rien, cet homme a inventé de nouvelles façons de consommer : publicité (réclame), rendus, vente à distance, grâce à ses innovations ses clientes ont non seulement l’impression de flairer la bonne affaire mais en plus il y a une part de reconnaissance. Si cet homme a créé ce temple du bonheur (avec ascenseurs, buffet, salon de lecture, allant jusqu’à conquérir la mère par l’enfant en créant un rayon enfants), c’est pour elles et elles seules, et la flatterie – à défaut de bon – a toujours été fructueuse. 

Mouret avait l’unique passion de vaincre la femme. Il la voulait reine dans sa maison, il lui avait bâti ce temple, pour l’y tenir à sa merci. C’était toute sa tactique, la griser d’attentions galantes et trafiquer de ses désirs, exploiter sa fièvre. Aussi, nuit et jour, se creusait-il la tête, à la recherche de trouvailles nouvelles. 

En fin observateur de la société française sous le Second Empire, Emile Zola a fait du Bonheur des Dames un vrai roman social. Pour peindre avec exactitude et précision la réalité historique et sociale, l’écrivain accumule une documentation très riche et se livre à de nombreuses enquêtes sur le terrain. Passionné par l’ouverture du Bon Marché fondé en 1838 par Aristide Boucicaut, il y passera du temps, beaucoup de temps, demandant à tout voir pour comprendre et nourrir son roman : des salles de vente aux chambres de bonnes dans lesquelles les vendeuses étaient logées, des vitrines à la cantine mise à disposition des employés, sans oublier les avancées sociales (congés payés, médecin sur lieu de travail, prémices des cotisations chômage, etc.). 

Crever pour crever, je préfère créer de passion que de crever d’ennui !

En résumé, ce classique est un incontournable ! Pas facile de comprendre toutes les finesses à 12 ans, mais à 40, lorsqu’on est intéressé par l’analyse des différents milieux sociaux et du progrès, c’est évident ! En tout cas, il fait écho à de nombreux usages d’aujourd’hui. Je vous recommande d’agrémenter votre lecture d’un documentaire sur les Grands Magasins de Nouveautés à Paris au XIXème siècle (Printemps, Samaritaine, Galeries Lafayette, etc.) – dispo sur Youtube. Passionnant !

 

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A propos de l’auteur : Émile Zola est un écrivain et journaliste français, né le 2 avril 1840 à Paris, où il est mort le 29 septembre 1902. Considéré comme le chef de file du naturalisme, c’est l’un des romanciers français les plus populaires, les plus publiés, traduits et commentés au monde. Ses romans ont connu de très nombreuses adaptations au cinéma et à la télévision.

Sur le plan littéraire, il est principalement connu pour Les Rougon-Macquart, fresque romanesque en vingt volumes dépeignant la société française sous le Second Empire et qui met en scène la trajectoire de la famille des Rougon-Macquart, à travers ses différentes générations et dont chacun des représentants d’une époque et d’une génération particulière fait l’objet d’un roman.

Les dernières années de sa vie sont marquées par son engagement dans l’affaire Dreyfus avec la publication en janvier 1898, dans le quotidien L’Aurore, de l’article intitulé « J’accuse » qui lui a valu un procès pour diffamation et un exil à Londres la même année.

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